Une personne à qui je tiens traverse un deuil, comment trouver les bons mots
Le deuil est une expérience profondément personnelle et complexe, rendant souvent incertains ceux qui souhaitent apporter du soutien sur les mots, l’attitude et les gestes appropriés. Craignant de ne pas trouver les paroles qui sauront réconforter, on se retrouve parfois à redouter le contact.
Parfois aussi, la douleur d’un proche peut générer en nous un sentiment de malaise profond nous poussant à communiquer à l’autre des paroles qui visent à amoindrir sa peine ou à l’encourager à positiver. Cependant, pour être présent pour un proche en deuil dans une démarche soutenante, mieux vaut ne pas chercher à faire cesser la douleur mais à permettre à la personne endeuillée de l’exprimer pleinement tout en se sentant entourée.
Le deuil vécu par un être cher peut également éveiller en nous des peurs profondes, telles que la crainte de perdre à notre tour un proche ou de nous confronter à notre propre mortalité. Ces sentiments peuvent parfois nous amener, de manière inconsciente, à nous éloigner de la personne en deuil, par peur que ce sort ne nous touche également. Il est essentiel de reconnaître ces réactions afin de distinguer nos propres peurs de notre désir sincère de soutenir notre proche. En prenant conscience de ces mécanismes, nous pouvons mieux répondre à son besoin de présence et de réconfort.
Exprimer sa compassion et son soutien peut sembler intimidant, mais trouver les bons mots et éviter du mieux possible certaines attitudes est essentiel pour offrir une présence aidante et sincère. Cet article explore différentes manières de soutenir un proche en deuil, à travers la parole, les gestes et l’écrit, avec tact et bienveillance.
De vive voix
Aborder le sujet du deuil peut susciter chez l’autre une expression émotionnelle intense, comme des larmes ou des sanglots, ce qui peut nous amener à penser que nous ajoutons à sa peine. Cependant, il est important de se rappeler que ce qui rend votre proche triste, c’est la perte de l’être cher, et non le fait d’en parler. En lui permettant d’exprimer ses émotions, vous l’aidez à alléger peu à peu la charge émotionnelle liée à sa perte, afin qu’un jour, il puisse se souvenir de la personne disparue avec moins de douleur.
Il peut être tentant de recourir à des phrases toutes faites telles que « Il est dans un meilleur endroit, » « Tout arrive pour une raison, » ou « Tu verras, ça ira mieux avec le temps » pour tenter de consoler. Cependant, ces expressions, bien qu’intentionnées, peuvent parfois sembler insensibles ou minimiser la souffrance réelle de la personne en deuil. De même, dire à une personne en deuil qu’elle est « courageuse » ou « je ne sais pas comment tu fais, moi je ne pourrais pas y arriver » peut être mal perçu. Ces commentaires, bien que motivés par la bienveillance, peuvent agacer une personne en deuil, car elle ne se perçoit pas comme courageuse, mais plutôt comme quelqu’un qui lutte chaque jour pour survivre à sa douleur. Il est souvent plus réconfortant d’offrir une écoute attentive et silencieuse plutôt que des paroles qui risquent de ne pas trouver écho dans le cœur de celui qui souffre.
S’adresser à quelqu’un en deuil en privilégiant la sincérité et la simplicité peut être bien plus adapté au vécu de la personne à qui vous vous adressez. Vos mots peuvent exprimer simplement votre présence, votre soutien et même votre dépourvu avec une parole telle que « Je ne sais pas quoi dire, mais je suis là pour toi ». Reconnaître la perte et exprimer sa sympathie de manière authentique à travers des phrases telles que « Je suis désolé pour ta perte » ou « Je pense à toi en ces moments difficiles » montre une reconnaissance de la douleur sans prétendre comprendre parfaitement ce que l’autre ressent.
Laisser la personne endeuillée s’exprimer librement est essentiel. Écouter sans interrompre, sans juger ou conseiller et sans tenter de corriger ses émotions permet de valider ce qu’elle ressent. Les émotions peuvent être variées et intenses, allant de la tristesse à la colère, au soulagement en passant par la confusion, la culpabilité ou le désespoir. Face à ce tourbillon d’émotions, certaines personnes peuvent même avoir l’impression de perdre la tête. Montrer que ces réactions sont normales et légitimes peut apporter un grand soulagement. Des phrases telles que « C’est normal de se sentir ainsi » ou « Tu as le droit de ressentir ce que tu ressens » peuvent aider la personne en deuil à se sentir comprise et soutenue.
Poser des questions ouvertes avec délicatesse peut également être très utile. Des questions comme « Où en es-tu en ce moment ? » ou « Comment se passent tes journées en ce moment ? » peuvent encourager l’expression des sentiments sans mettre la personne sur la défensive ou lui donner le sentiment que l’on s’attend à ce qu’elle aille déjà mieux. Il est souvent préférable d’éviter les questions fermées ou trop générales comme « Comment vas-tu? » auxquelles il peut être difficile de répondre en période de deuil.
Certaines personnes en deuil peuvent aussi se sentir émotionnellement engourdies, ou simplement préférer ne pas partager leur douleur avec autrui. Dans de telles situations, il est essentiel de respecter cette étape de leur deuil. Vous pouvez néanmoins leur faire savoir, avec bienveillance, que vous êtes disponible pour les écouter si jamais elles ressentent le besoin de s’ouvrir ou de partager ce qu’elles traversent. Il est important de leur offrir un soutien sans pression, en leur laissant la liberté de choisir le moment et la manière dont elles souhaitent exprimer leurs émotions. Cette approche douce et respectueuse permet à la personne en deuil de se sentir accompagnée, sans être forcée de s’ouvrir avant d’être prête
Au-delà des mots : l’attitude et les gestes
Parfois, les mots peuvent sembler insuffisants ou inappropriés. Dans ces moments, une présence silencieuse et attentive peut offrir un immense réconfort. De simples gestes comme tenir la main, offrir une étreinte, ou simplement s’asseoir en silence à côté de la personne en deuil peuvent montrer une compassion et une empathie profondes.
Il est également important de respecter les besoins individuels de la personne en deuil. Certains peuvent apprécier un contact physique, tandis que d’autres peuvent préférer de l’espace. Être observateur et attentif aux réactions de l’autre peut aider à ajuster les gestes de manière appropriée, montrant ainsi que vous êtes à l’écoute de leurs besoins.
Que dire par écrit
L’écriture peut être un moyen puissant de montrer son soutien. Les lettres de condoléances, lorsqu’elles sont rédigées avec sincérité et attention, peuvent devenir des souvenirs précieux pour les personnes en deuil. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon d’écrire ces lettres, mais si le doute sur comment vous y prendre vous empêche de témoigner votre compassion pour quelqu’un à qui vous tenez, ces suggestions vous permettrons peut-être sauter le pas.
Qu’il s’agisse d’une lettre ou de quelques mots sur une carte, commencer par reconnaître la perte permet d’établir un ton sincère dès le début. Vous pouvez mentionner explicitement le décès et exprimer votre consternation ou votre tristesse, par exemple, « J’ai été profondément attristé d’apprendre le décès de [nom du défunt]. »
Exprimer sa sympathie envers la personne à qui vous vous adressez montre que vous êtes sincèrement préoccupé par la personne en deuil, que vous reconnaissez sa douleur. Une phrase telle que « Je suis vraiment désolé·e pour ta perte et je pense à toi en ces moments difficiles » peut être réconfortante.
Partager un souvenir ou souligner une qualité particulière du défunt peut apporter un sentiment de connexion et de reconnaissance. Raconter une anecdote ou mentionner quelque chose que vous avez apprécié chez le défunt, comme « Je me souviens de [nom du défunt] et de sa gentillesse incroyable. Son sourire illuminait toujours la pièce, » peut être particulièrement touchant.
Terminer une conversation par une offre d’aide concrète ou un message de soutien peut être particulièrement apprécié par une personne en deuil. Si vous êtes en mesure de lui apporter un soutien tangible, n’hésitez pas à être spécifique dans votre proposition : par exemple, dites-lui, « Si tu as besoin d’aide pour les courses ou simplement de quelqu’un avec qui parler, je suis disponible les jeudis après-midi et les samedis soir. N’hésite pas à me contacter. » Vous pouvez également offrir un soutien plus ciblé, comme, « Je suis disponible pour t’aider avec les enfants. Par exemple, je pourrais les chercher à l’école les mercredis et les faire manger avec nous. Si cela peut t’aider, appelle-moi sans hésiter. »
Notre expérience montre que plus une offre d’aide est concrète et précise, plus il est probable que la personne en deuil accepte cette aide. En revanche, si vous lui dites simplement que vous êtes là « si elle a besoin de quelque chose, » elle pourrait ne pas oser vous solliciter, par crainte de déranger ou parce qu’elle ne sait pas quoi demander. En étant clair et spécifique dans vos propositions, vous montrez non seulement que votre offre est sincère, mais aussi que vous êtes vraiment prêt à l’accompagner dans cette période difficile.
Enfin, une bonne lettre de condoléances n’a pas besoin d’être longue ; l’important est qu’elle soit sincère et personnelle. Certaines personnes ont partagé avoir conservé des années une carte ne comportant que quelques mots suite au décès de leur proche car elle avait su les toucher et leur conférer un précieux moment de réconfort alors que la peine les accablait.
En conclusion
Soutenir un proche en deuil est un acte de compassion qui nécessite sensibilité et respect. Que ce soit par la parole, les gestes ou l’écriture, l’important est de montrer une présence sincère et de respecter le processus de deuil de l’autre. En offrant un soutien authentique et attentionné, il est possible d’aider à alléger la solitude et à apporter à votre proche un peu de réconfort en ces moments difficiles, en lui montrant qu’il·elle n’est pas seul·e dans leur douleur.