Comprendre l’impact des circonstances du décès sur le deuil

Le processus de deuil est profondément influencé par la manière dont la perte survient. Les circonstances entourant le décès d’un être cher – qu’il s’agisse d’une mort subite, violente, ou anticipée – jouent un rôle crucial dans la manière dont les proches vivent leur deuil. Cet article explore les différentes circonstances de décès et leur impact sur le processus de deuil afin de mieux comprendre cette expérience complexe et personnelle.

1. Un décès inattendu

La mort subite, qu’elle soit due à une crise cardiaque, un accident vasculaire cérébral ou toute autre cause imprévisible, est souvent un choc brutal pour les proches. La soudaineté de la perte laisse peu ou pas de temps pour se préparer émotionnellement, ce qui peut entraîner un état de sidération ou d’incrédulité.

Impact sur le deuil : 

  • Choc et incrédulité : Les proches peuvent rester figés dans un état de sidération ou d’incompréhension pendant une période prolongée. L’absence de préparation émotionnelle rend souvent le début du deuil plus difficile à gérer. Accepter cette période de sidération et comprendre qu’il s’agit d’un mécanisme de survie du corps face au choc peut aider à la tolérer.
  • Recherche de sens : Face à l’incompréhension, il est courant de chercher des réponses, de vouloir comprendre le « pourquoi » et le « comment » de la mort. Les questions du type « et si j’avais… », qui peuvent révéler un sentiment de culpabilité, sont fréquentes et font partie intégrante du deuil. Il est courant de se poser ces questions, parfois encore et encore, durant le début de son deuil.

2. Le deuil après une mort violente

Les décès violents, incluant les accidents graves ou les actes de violence, ajoutent une couche de traumatisme au deuil. La brutalité entourant la mort peut exacerber la douleur et le sentiment d’injustice chez les survivants.

Impact sur le deuil : 

  • Traumatisme : La brutalité de la perte peut provoquer des symptômes de stress post-traumatique (PTSD), même si l’on n’a pas été directement témoin du décès. Cela peut se manifester par des cauchemars, des visualisations intrusives et une anxiété persistante. Le deuil se mêle alors à la gestion du traumatisme psychologique. Un soutien par l’EMDR, une pratique psychothérapeutique spécialisée dans le traitement des traumatismes, peut être particulièrement efficace dans ces situations.
  • Colère et sentiment d’injustice : La nature violente de la mort peut engendrer une colère intense, que ce soit envers la personne responsable, les institutions, ou même parfois le défunt. Cette colère, légitime, est une étape naturelle du deuil. Elle tend généralement à s’apaiser ou se nuancer avec le temps.
  • Isolement : Les proches peuvent ressentir un isolement supplémentaire si la nature violente du décès est mal comprise ou stigmatisée par leur entourage. Se rapprocher d’associations spécialisées peut offrir un soutien précieux.

3. Le deuil après un suicide

Le suicide est l’une des pertes les plus complexes à surmonter en raison des nombreuses questions sans réponse et des sentiments contradictoires qu’il suscite. Il laisse souvent les survivants dans une spirale de culpabilité, de colère et parfois de honte.

Impact sur le deuil : 

  • Culpabilité : Les survivants se demandent souvent ce qu’ils auraient pu faire pour prévenir la mort. Cette culpabilité, parfois écrasante, peut prolonger et compliquer le processus de deuil. Prendre le temps d’observer et d’analyser cette culpabilité en lui donnant une place dans le deuil peut aider à avancer.
  • Stigmatisation : Le suicide reste un sujet tabou dans certains milieux, ce qui peut entraîner un manque de soutien ou une incompréhension de la part de l’entourage. Se sentir à l’aise d’en parler clairement peut encourager un meilleur soutien de la part des proches.
  • Recherche de raisons : La quête de comprendre le « pourquoi » du suicide peut mener à une introspection intense. Si elle n’est pas accompagnée, cette recherche de sens peut devenir délétère. Elle reste une étape cruciale avant un cheminement vers l’acceptation de l’incertitude.

4. Le deuil anticipé : maladies chroniques et terminales

Lorsque la mort survient après une longue maladie, les proches ont souvent eu le temps de commencer à faire leur deuil avant même le décès. Ce processus, connu sous le nom de « deuil anticipé », offre une certaine préparation émotionnelle mais n’en demeure pas moins douloureux.

Il est possible que les proches se sentent parfois prêts à ce que la personne décède, ou même le souhaitent, car ils aimeraient que ses souffrances puissent enfin cesser. Cependant, comme un tsunami que l’on aurait pourtant le temps de voir arriver au loin, le choc de la mort, lorsqu’elle survient, reste inévitable. Il marque un tournant difficile, un « avant » et un « après », et malgré l’anticipation, la violence du choc peut surprendre.

Impact sur le deuil : 

  • Mélange de soulagement et de tristesse : La fin de la souffrance du défunt peut susciter un sentiment de soulagement, souvent mêlé à une tristesse profonde. Cette dualité émotionnelle peut rendre difficile la compréhension de ses propres réactions. Accepter cette ambivalence dans sa complexité peut être un premier pas vers l’apaisement dans le processus du deuil.
  • Epuisement émotionnel : Le long processus de soins peut épuiser physiquement et émotionnellement les proches, retardant ainsi le début du deuil après la mort. Dans ce contexte, accepter l’aide des autres, que ce soit familial ou associatif, est d’autant plus important.
  • Complexité des sentiments : Le deuil anticipé est souvent marqué par des réflexions sur la qualité de vie du défunt, les décisions de fin de vie, et les adieux parfois inachevés. Il est naturel de revisiter les événements passés en se demandant si d’autres choix auraient été possibles, mais ces réflexions, bien que douloureuses, doivent être accompagnées de bienveillance. Il est important de se rappeler que chacun a fait ce qu’il a pu avec les informations et les ressources dont il disposait à ce moment-là. S’il peut sembler aisé de réécrire l’histoire après coup, la réalité de ce qui a été vécu mérite, quant à elle, d’être accueillie sans jugement.

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En conclusion

Bien que chaque deuil soit unique, les circonstances entourant le décès influencent fortement la manière dont il est vécu. Une mort violente ou subite présente des défis particuliers, souvent liés au choc et au traumatisme, tandis qu’un décès anticipé permet une certaine préparation, sans pour autant épargner la douleur. Le suicide, quant à lui, est accompagné de culpabilité et de stigmatisation, qui peuvent compliquer ou prolonger le processus de deuil.

Comprendre l’impact des circonstances du décès peut aider les proches à mieux naviguer dans leur douleur, à reconnaître les défis spécifiques qu’ils rencontrent, et à rechercher le soutien approprié pour traverser cette épreuve.

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